Le fils de celui qui est considéré comme le père du Karaté moderne a énormément contribué à ce qu'est le Shotokan, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Atteint de tuberculose depuis son plus jeune âge, il savait ses jours comptés. Il a de plus connu la seconde guerre mondiale, et nombre de ses camarades son morts en Kamikazes. Par la force des choses Yoshitaka est un homme à part...

Plutôt que de se laisser abattre par la maladie, il se forge un corps d'athlète en s'entraînant comme si chaque seconde était la dernière. Pour un tuberculeux, sa puissance physique est tout simplement phénoménale ! Pris par le temps, Yoshitaka cherche à aller toujours plus vite, toujours plus fort, peu soucieux d'y laisser sa santé puisque de toute façon,  entre la guerre et la maladie, il sait que son heure viendra très vite...

En 1936, il prend officiellement la suite de son père et dirige les cours dans son dojo, le Shotokan. Les entraînements y sont rudes, très rudes... On raconte même que les accidents graves y sont monnaie courante. Hélas, on sait peu de choses de cette période car la guerre fait son oeuvre... Un grand nombre de jeunes karatékas périssent au combat, d'autres sont victimes des bombes, le Dojo de Funakoshi est du reste détruit lors d'un énième bombardement sur Tokyo...

Si trop peu ont survécus pour nous apporter le témoignage de cette époque, on ne peut que constater combien le style a évolué... Le fils prodigue du fondateur du Karaté moderne ne se contente pas de suivre l'enseignement de son père, il est d'ailleurs souvent en désaccord avec lui ! Yoshitaka, s'il pratique bien évidemment le kata, cherche également à développer les kumités. Il introduit très vite dans ses cours, en plus du traditionnel Kihon-Ippon-Kumité, des exercices nouveaux qui deviendront plus tard le Jyu-Ippon-Kumité et ses dérivés. Il n'hésite pas non plus à défier d'autres karatékas en combat libre et se forge vite la réputation d'un rude combattant.

Yoshitaka introduit également dans le Shotokan des techniques nouvelles, au nombre desquels comptent le Mawashi-Geri et le Ushiro-Geri ! Il rend le style paternel plus puissant, plus rapide et surtout : il abaisse et allonge les postures. En effet, si le Shotokan est réputé pour ses postures basses, c'est à lui que nous le devons car Gishin travaillait beaucoup plus haut, à la manière Okinawaïenne...

Il est toutefois des combats qu'on ne peux remporter... Nous sommes en 1945, le Japon capitule après Hiroshima et Nagazaki... Dans ce terrible contexte, Yoshitaka meurt de sa tuberculose à l'âge de 38 ans, ce qui est tout de même 18 ans de plus que la prévision la plus optimiste de ses médecins... Tel fut le terrible destin de celui qui a révolutionné le Shotokan...