Senseï Kanazawa est le premier Maître Japonais avec
qui j'ai eu l'honneur de faire un stage, j'avais alors tout juste 20 ans...
La première chose remarquable, c'est l'incroyable discrétion du
personnage. Dans sa façon d'être, il semble tout à la fois
timide et très sûr de lui, sa grande humilité n'ayant d'égal
que son profond savoir. Je me souviens de son assistant, qui hurlait pour mettre
la foule des pratiquants en rangs dans une immense salle de sport... Et je me
souviens de la voix du Maître, douce et rocailleuse, qui sans parler plus
fort que lors d'une conversation à 2 interlocuteurs, se faisait entendre
et comprendre de tous, même des plus éloignés !... Avant
même d'avoir esquissé la moindre technique, nous savions que nous
avions à faire à un être d'exception. Le charisme incroyable
de Senseï Kanazawa se retrouve dans son Karaté et dans sa façon
d'enseigner. Nous avons travaillé des choses très simples, il
nous a apporté des corrections très importantes, mettant toujours
le doigt sur le point essentiel, celui qui nous fera progresser en profondeur...
Le Karaté avec des Senseï Japonais, c'est toujours autre chose !
C'est pourquoi j'ai souhaité commencer cette rubrique par mon expérience
personnelle : Que ceux qui n'en ont encore jamais fait l'expérience sautent
sur l'occasion lorsque celle-ci se présentera !
Hirokazu Kanazawa pratique les arts martiaux depuis toujours.
Il débute par le Ju-Jitsu, sous la direction de son père, fait
un petit tour du côté du Kendo, du Judo et de la boxe anglaise,
avant de découvrir le Karaté. Il atteint très vite un niveau
exceptionnel, remportant de retentissants succès en compétition.
L'anecdote la plus célèbre, concernant son parcours de compétiteur,
est sans nul doute sa victoire en 1957, lors du premier championnat du Japon.
Il remporte en effet tous ses combats malgré un bras fracturé
! Repéré par Senseï Nakayama en personne, il entre dans l'école
des instructeurs de la J.K.A. ( Japan Karaté Association ). Il sera l'un
des principaux artisans de la mondialisation du karaté, formant de nombreux
professeurs hors du Japon. Dans les années 70, il quitte la J.K.A. pour
fonder le S.K.I. ( Shotokan Karaté International ). En créant
sa propre école, le Senseï a choisi d'aller aussi loin que faire
se peut dans sa conception et sa recherche du karaté-do. Sans les contraintes
imposées par l'appartenance à des mouvances, à des intérêts
politiques ou sportifs divergents, Senseï Kanazawa est peut-être
l'un des fils prodigues de la J.K.A. qui colle le plus à l'idéal
originel du père fondateur du Shotokan, Gishin Funakoshi. En effet, son
style donne une grande importance à l'amélioration de la santé
par la pratique, la dimension spirituelle est très présente, non
sans négliger la dynamique inhérente au Shotokan... Pour conclure,
je ne peux que vous conseiller ses livres, qui sont très bien faits,
et qui constituent encore aujourd'hui des ouvrages de références
pour de nombreux karatékas de part le monde...
Heïan 1 à 5, Tekki Shodan, Bassaï Daï, Kanku
Daï, Empi, Sochin, Meïkyo, Ji'in et Gojushhio Daï.
Jion, Jitte, Hangetsu, Gankaku, Tekki Nidan et sandan,
Chinte, Bassaï Sho, Kanku Sho, Nijushiho, Unsu, Wankan et Gojushiho
Sho
Avril 2024