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Prénom : Christian
Grade : NC
Principaux titres : Champion
d'Europe en 1978, Champion de France en 1977, 78 et 79. Champion de
France Junior en 74.
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Christian Gauze était un
cogneur, un vrai. Il s'est essayé au Karaté
Contact, au Taekwondo et à la Boxe Anglaise avec la
même efficacité qu'en Karaté, c'est
à dire avec un certain nombre de combats gagnés
par K.O. ! Elève de Claude Boucabeille, il n'avait peur de
personne et possédait un sens du combat exceptionnel. En
contre partie, lui, il faisait peur à tout le monde !... Une
fois le combat engagé, Gauze ne répondait plus de
rien, allant parfois au delà de ce qui était
permis. En 1976, lors des Championnats de France, il affronte un
certain Thomas, qui lui donne bien du fil à retordre. Dans
les prolongations, Gauze lui assène un énorme
Mae-Geri qui l'envoie directement à l'hôpital,
rate éclatée, sans passer par la case
départ ! Mais si cet homme était
redouté pour son engagement total, il était aussi
admiré par ses pairs pour son courage et son esprit
guerrier... C'est d'ailleurs Jacques Tapol qui m'a parlé de
lui. Il ressortait de son e-mail tant de respect envers Gauze que je
n'ai pas douté un seul instant qu'en m'attaquant
à son portrait, je partait sur les traces d'une
légende des tatamis...
Le
Mae-Geri de Gauze... Ceux qui l'on pris s'en souviennent encore !
Etrangement, je n'ai pas
trouvé d'interview ou de portraits de notre homme dans la
presse de l'époque... Etait-il mal aimé ?
Toujours est-il qu'il m'a fallu éplucher tous les comptes
rendus de compétition et les commentaires
lâchés ça et là par ses
pairs pour me faire une idée de lui. Il fait son apparition
au sommet en 1974, lors des premiers championnats de France Juniors
où il s'impose en finale de la catégorie
légers face à un certain Gedda. Les 2 saisons
suivantes, c'est en toutes catégories qu'il s'inscrit,
malgré ses moins de 70 kilos tout mouillé ! En 75
il s'incline en finale face à Marcucilli (
également vainqueur cette année là en
lourds ). En 76, il s'incline à nouveau en finale, cette
fois face à un certain Jean-Luc Montama !
Disqualifié en 77 lors des Championnats d'Europe Juniors
Individuels ( un Mawashi Geri Jodan trop appuyé sur un
pauvre Italien qui se demande encore où il habite ), il se
rattrape dans l'épreuve par équipe et
décroche le titre aux côtés de Montama,
Ako, Poupée et Renaud. A noter que la France devenait
à cette occasion le premier pays Champion d'Europe Juniors
et que la victoire finale fut obtenue face à l'Angleterre,
véritable ogre des tatamis à cette
époque !...
Kakato-Geris,
Tobi-Geris, Gauze était puissant et savait tout faire !
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Gauze est un fonceur, un
attaquant. Son tempérament de feu et son bagage technique
très large le rendent complètement
imprévisible ! Kakato-Geris, Tobi-Geris, avalanche de Zukis
: quand on s'aligne en face de lui on ignore ce que l'on va devoir
esquiver mais on saît qu'on va se faire rentrer dedans... En
77, lors d'un match France-Angleterre où notre homme aura
été particulièrement brillant,
Dominique Valéra déclarera ceci : "J'ai retenu 2
Français qui travaillent bien. Christian Gauze d'abord.
C'est le seul qui attaque même lorsqu'il mène. De
plus il enchaîne très bien ses techniques de pieds
et de poings. Et puis il y a aussi Jean-Luc Montama...". Toujours dans
le registre technique, Gauze a révolutionné le
karaté en développant des gyaku zuki d'une
longueur phénoménale, une arme qui encore
aujourd'hui est la base du travail de compétition...
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Et puis il y a eu Tokyo, Championnats
du Monde 1977... Roland Gaillac, journaliste du magazine
"Karaté" ne mâche pas ses mots : "Il y aurait
beaucoup à dire sur la sélection de Belrhiti et
Montel en individuels. Saidane et Gauze, ce jour là,
auraient fait mieux. Mais comment le prévoir ?". En effet,
notre homme plante gyaku sur gyaku. Il apparaît comme le
meilleur tricolore et sort invaincu de la manifestation :
L'équipe prend la médaille de bronze, en grande
partie grâce à lui... Juste une
parenthèse... Connaissant la valeur d'un gars comme
Belrhiti, je trouve que les propos du journaliste sont aussi la preuve
que c'était une autre époque : Vous en connaissez
beaucoup des gars qui auraient, à tort ou à
raison, le courage d'écrire ce genre de chose de nos jours ?
Bref, revenons à notre sujet... Lors de ces Championnats du
monde, Gauze a atteint la maturité. Il suit les consignes et
se borne à gagner ses combats avec ses poings, lui qui
tentait encore des Mawashi-Tobi-Geri quelques mois plus tôt !
De son côté, Belrhiti se fait sortir à
quelques secondes de la fin de son premier match, prenant un contre
alors qu'il tentait un Kakato-Geri... Nous étions aussi aux
débuts d'une sombre période pour le
karaté-spectacle, qui allait bien durer 15 ans : on a
appellé ces Championnats de Tokyo les "Championnats du Monde
de Gyaku-Zukis" ! Comme quoi tout n'est pas non plus noir de nos jours,
à commencer par les règles d'arbitrage qui
accordent plus de valeurs aux techniques spectaculaires...
En 78, Gauze est au sommet de son art,
s'il a toujours eu le mental et le physique, il a enfin acquis la
sagesse nécessaire pour gérer ses nerfs. Il prend
pour la seconde année consécutive le titre
national face à Luconi ( il ferra la passe de 3
l'année suivante ) et puis surtout, il décroche
la médaille d'or des Championnats d'Europe à
Genève. Opposé en finale à l'Italien
Paganini, il prend immédiatement l'initiative et plante par
2 fois en mae-geri. Menant au score, il gère alors son match
à la façon Gauze... C'est à dire en
continuant d'attaquer à tout va ! Il plante ainsi deux
gyakus de plus et s'impose avec panache. Dans la rencontre par
équipe, il gagne tous ses matchs mais hélas, sa
belle victoire sur l'anglais Knighton ne serra pas suffisante pour que
la France s'impose en Demi-Finale contre ces diables d'Anglais... L'or
en individuel et le bronze en équipe, Gauze rentre
doublement médaillé de Suisse...
Avec un tel parcours, on peut se
demander comment cela se fait qu'on ne trouve plus une trace de lui les
années suivantes. Et bien notre homme s'est tout simplement
acheté un voilier : il a tout quitté pour faire
le tour du monde !
Et c'est sans doute sur le
même genre de coup de tête qu'il nous a
quitté. Un jour il a pris sa moto et s'est pris un mur de
plein fouet... Gauze était ainsi, imprévisible et
un peu fou, une espèce d'ovni du Karaté.
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"C'était
un Ayrton Senna du Karaté qui voyait les choses avant les
autres, qui était aspiré par la vitesse et le
sens du combat. Les poids moyens de l'époque, rien qu'au
championnat de France ne touchaient pas terre, et c'était la
panique à l'idée de le rencontrer ! Je tenais
à lui rendre hommage car c'est un des grands qui nous a
quitté, et auquel je pense beaucoup, ainsi qu'à
mon ami Alain Lehetet..." - Jaques Tapol.
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