Né le 29 mai 1978 à Orléans, Yann Baïllon est l'une des valeurs sûres du Karaté Français. Silhouette longiligne, sa morphologie sied comme un gant au karaté de compétition et ses adversaires doivent souvent penser que ses bras et ses jambes sont vraiment démesurés !... Yann a débuté à l'âge de 8 ans, son père étant prof de Karaté dans la région d'Orléans. La pratique de cet art martial est donc une tradition familiale, d'autant plus qu'Olivier, le frère cadet, a terminé 3ème des Championnats du Monde Juniors de Marseille !...

Arrivé chez les cadets, Yann participe à ses premiers Championnats de France et s'impose. Repéré par Thierry Masci, il intègre l'équipe de France pour ne plus jamais la quitter !.. Malgré son gabarit, Baillon est un véritable cobra. Il se déplace loin et vite, ses membres jaillissent pour piquer ses adversaires... Tout ceci allié à un mental et une condition physique toujours exemplaire et on comprend pourquoi Yann est devenu un pilier incontestable de l'équipe de France...

Il fait partie de ce que l'on peut appeler la troisième génération sacrée. Car si la première Dream Team tricolore de 72 a du attendre 22 ans pour voir arriver la relève, la génération Lehetet, Cherdieu, Pinna, Braun, Anselmo et Varo n'a fait que passer la main a Baillon, Biamonti, Balde, Beaudry, Félix, Gomis et Bel-Lashen ! Ensembles, ils remportent 4 titres Européens consécutifs et deux titres mondiaux !...

La carrière individuelle de Baillon est aussi très riche. Il remporte son premier titre mondial en juniors, en 1996, et c'est également chez les juniors qu'il fait la connaissance de sa bête noire, le Holandais Sabanovic... Ce dernier est un peu son double du point de vue physique et son antithèse du point de vue du style de jeu. Car si Baillon est un fonceur, qui se plait à utiliser un large éventail de techniques offensives, Sabanovic est un stratège, qui préfère s'installer en contre et attendre, voire provoquer, les erreurs de ses adversaires...

Et il faut bien dire que la plus part de leurs oppositions voient la victoire du Hollandais, comme notamment à Munich en 2000. Pour sa première finale des Championnats du Monde Seniors, Baillon est battu sans qu'il n'y ai rien à redire. C'est pourquoi deux ans plus tard, lorsque les deux super-champions de la catégorie se retrouvent à nouveau en finale à Madrid, cela sent la poudre !...

C'est une énorme bouffée d'oxygène pour le clan tricolore, une revanche sur le contexte pour Baillon. En effet, deux jours auparavant, l'équipe de France s'était fait voler son titre et Yann, dernier tricolore à passer, restait le seul espoir de titre pour les garçons ! Quoi qu'on en pense, ce jour restera un tournant dans l'histoire du Karaté Français... Par la suite, la sélection tricolore perd également son titre Européen et l'on est en droit de se demander s'il s'agit de la fin d'une génération....

Et puis il y a eu Monterrey 2004 ! Baillon est, avec Balde et Beaudry l'un des rescapés de la sélection de Madrid. Avec Guillaume Cossou et Franck Chantallou à leurs côtés, ils récupèrent le titre par équipe après une finale France/Espagne au goût de revanche. Hélas, en individuels l'euphorie ne serra pas de mise : on s'attendait à un nouvel épisode du duel Baillon/Sabanovic mais dans une version moderne du bon de la brute et du truand, le surprenant Turc Celik met tout le monde d'accord. Il sort tout d'abord le Français avant de gagner en finale face au Holandais : Yann doit se contenter d'une médaille de Bronze...

Pour Baillon, comme pour tout les autres, le danger a maintenant des visages multiples. Des adversaires de plus en plus nombreux et de plus en plus affûtés apparaissent. En 2006, les combattants Français s'effondrent et si Laurence Fischer remporte le titre mondial et sauve l'honneur de la FFKDA, Yann est arrêté en chemin par un surprenant Estonien du nom de Luhamaa qui s'octroiera plus tard le titre... En finale pour la troisième place, et pour le dernier match de sa carrière, Yann affronte comme de bien entendu Sabanovic ! Comme toujours c'est un match ultra serré, ultra tendu, ultra tactique... Et le Français s'impose par 1 à 0 ! Le titre est perdu par équipe mais Yann s'en va après un parcours somptueux et une belle médaille de bronze. Comme Laurence Fischer, il risque de manquer terriblement à l'équipe de France car seuls ces deux "anciens" combattants sont montés sur les podiums de ces Championnats du Monde 2006... Quadruple Champion du Monde, il prend sa retraite sportive en laissant à la France du Karaté le sentiment qu'avec lui et Laurence Fischer, le temps de l'hégémonie tricolore s'en va...   

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